TÉMOIGNAGE: depuis sa rupture, Céline, 33 ans, tente de joindre les deux bouts pour ses enfants
Le divorce est rarement une partie de plaisir. En plus de ce sentiment d’échec, dire au revoir à son partenaire peut aussi être très coûteux. Une situation que connaît Céline, 33 ans, maman d’Émilie, 4 ans et Guillaume, 2 ans. Depuis la rupture avec son compagnon, elle rivalise d’imagination pour économiser sur chaque achat.
“Ce n’est que lorsque nous avons eu des enfants et des responsabilités, que mon compagnon et moi avons remarqué à quel point nous étions différents. Notre vision de la vie, ce que nous voulions, comment éduquer nos enfants... Nous étions en désaccord sur tout. Au début, je pensais que nous pourrions passer au-dessus de ça et que nous resterions ensemble pour les enfants, mais les gens sont-ils vraiment heureux dans ce genre de mariage? C’est une question que je me posais souvent.
Nous avions une vision tellement différente de l’éducation que ça a fini par tuer notre couple. Nous étions d’accord sur une chose: nous ne serions jamais heureux ensemble.
Aujourd’hui encore, tout ce qu’il fait avec les enfants m’énerve. Je me rassure en me disant qu’une semaine sur deux, ils sont éduqués à ma façon.
Témoignage: « Notre séparation m’a ruinée »
Tout prévu
Quand j’étais enceinte de mon aînée, nous avons acheté une maison à deux. Chez le notaire, nous avions signé un contrat de cohabitants légaux, précisant que tout ce qui avait trait à la maison appartenait aux deux parties. En termes de meubles et d’objets, nous sommes tous les deux repartis avec les choses que nous avions amenées. Les seules discussions que nous avons eues concernaient les enfants. Nous n’avions pas les moyens de tout acheter en double comme les lits par exemple, alors nous avons acheté certaines choses en seconde main. Nous avions pris de bonnes dispositions et on s’est arrangés entre nous pour éviter de trop faire intervenir nos familles. Finalement, ce sont souvent les proches qui mettent de l’huile sur le feu en cas de conflits.
La maison idéale pour eux
Ce qui me rendait triste, c’était qu’avec cette rupture, je privais mes enfants d’une famille normale et chaleureuse composée d’un papa et d’une maman au quotidien. Cette culpabilité était tellement grande que je tenais absolument à garder la maison. Nous avions eu un coup de cœur lors de l’achat et elle était parfaite pour nos enfants. À la fois proche de la ville et de la nature. Un grand jardin, des bois au bout de la rue, des belles pièces pour les enfants. Cette maison était idéale. Si je n’avais pas eu d’enfants, nous l’aurions revendue et récupéré nos billes chacun de notre côté.
Déjà que j’éloignais leur papa, je ne pouvais pas imposer un déménagement à mes enfants.
Ma mère, qui est comptable, m’a immédiatement avertie que ce serait difficile, voire même impossible de reprendre cette maison seule à ma charge. Je me suis dit que j’allais tenter le tout pour le tout. Si vraiment, cela me mettait dans une situation financière impossible, alors seulement, je la vendrais.
Produits blancs
Nous avions acheté la maison pour 320.000 €. J’ai remboursé à mon ex la moitié. Pour cela, j’ai dû prendre rendez-vous dans quinze banques. Soit je recevais un avis négatif, soit j’avais des taux d’intérêts bien trop élevés. Seule une banque a bien voulu m’accorder un prêt à un taux décent.
Je paye 945 € tous les mois. J’ai environ 200 € de frais fixes et je ne compte pas l’entretien, l’usure ou encore le revenu cadastral. Cela signifie que près des deux tiers de mon salaire partent dans la maison.
Heureusement, je travaille dans une entreprise qui paie beaucoup d’extras au personnel. Par exemple, je reçois une part des bénéfices et j’ai une voiture de société. Le plus dur, pensais-je, était d’abandonner mes principes bio et écolo. Je me voyais nourrir mes enfants avec les meilleurs produits, mais le bio a un prix et j’ai vite dû y renoncer. Je suis obligée de me tourner vers les produits blancs. La différence de prix est énorme.
Le principal, bien sûr c’est que mes enfants mangent de tout et en suffisance, mais j’ai quand même un peu de mal à renoncer à mes idéaux.
Un look à moins de 30 €
Je pensais que ce ne serait pas si compliqué de vivre avec moins de dépenses, mais ce n’est pas évident. Depuis la rupture, je n’arrive pas à mettre de l’argent de côté. Il y a toujours quelque chose que je dois remplacer ou qui tombe en panne: mon portable rend l’âme, puis un problème de chaudière, une facture imprévue à payer. Je m’accorde 50 € de loisir par mois. Cela comprend aussi bien le coiffeur que le shopping ou les sorties entre amis. Quand je sors, je sais combien de bières maximum je peux boire.
Si mes amis me proposent une sortie au restaurant, je préfère refuser. Vivre dans un cadre si strict est difficile, le luxe de la liberté me manque parfois.
Aujourd’hui, j’ai une tenue qui m’a coûté à peine trente euros, avec les sous-vêtements compris! Et j’ai déjà reçu cinq compliments. À force de devoir compter, on finit par devenir la pro des bons plans. Je ne crache jamais sur une bonne affaire.
Un compagnon de route
Le plus dur est que je réalise que je ne serai jamais capable de payer pour la rénovation complète de la maison. Et quand les enfants seront plus grands, j’aimerais voyager avec eux. Mais si ma situation est toujours la même dans trois ans, je ne pourrai pas gérer cela.
Je me sens parfois fatiguée de devoir me battre et de devoir tout faire seule. Parfois, je voudrais juste me détendre, sans toutes ces obligations. Ce que j’espère au fond de moi, c’est rencontrer un gars sympa qui voudrait bien de moi. Qui serait d’accord avec ma manière d’éduquer les enfants. Qui pourrait me donner un petit coup de main dans l’entretien de la maison. D’ici-là, je me dis que je ne m’en sors pas si mal.
Balade en forêt
Je pourrais aussi vendre ma maison et trouver quelque chose de plus petit. Il y a beaucoup de gens qui sont dans des situations bien pires. C’est un bon exercice de devoir toujours trouver des nouvelles idées pour diminuer les coûts.
À la fin du mois d’août, je vais cueillir des mûres avec mes enfants et les congeler. En automne, nous irons ramasser des châtaignes dans les bois. Ce sera meilleur et plus économique que de manger des chips.
Nous vivons plus consciemment, en tenant compte des produits de saison. C’est ce que j’ai toujours voulu pour mes enfants. Alors non, je n’ai pas d’argent pour aller à Walibi, mais pour l’instant le summum du bonheur pour mes enfants, c’est quand on part pique- niquer en forêt.”
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