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Témoignage: ““Mon amoureux est plus vieux que mon père””

Barbara Wesoly

On dit que l’amour n’a pas d’âge, mais quand vous craquez pour un homme plus vieux que votre père, ça pose quelques questions… C’est arrivé à Isaura, 30 ans, dont le compagnon a 28 ans de plus qu’elle.


“Lorsque j’ai rencontré mon compagnon, je bossais dans un bar pour me faire un peu d’argent. Il venait souvent boire un verre avec sa copine. À cette époque, j’étais en couple moi aussi. Nos premiers contacts ont donc été purement professionnels. Peu de temps après, j’ai arrêté de travailler là, mais quand j’ai décidé de revenir, les choses avaient changé. Dan avait rompu avec sa copine et bossait désormais lui aussi comme serveur dans ce bar. Nous sommes donc devenus collègues.

 

De plus en plus de sentiments


Très vite, j’ai apprécié sa compagnie. On riait beaucoup, on avait aussi un max de points communs. De mon côté, je venais de rompre avec mon copain. Alors quand Dan m’a proposé une sortie, j’ai accepté. Après quelques soirées passées tous les deux, nous sommes tout naturellement passés de simples collègues à bons amis. Il a fallu deux ans pour que notre relation passe du stade amical à une vraie relation amoureuse. Notre grande différence d’âge m’a longtemps fait hésiter. J’avais toujours été attirée par les hommes plus âgés, mais 28 ans, c’est vraiment beaucoup. Dan m’offrait régulièrement des fleurs ou un resto, mais je résistais. Son âge me bloquait.

 

Une évidence


Pendant 4 mois, j’ai tenu bon. Je refusais d’admettre que j’étais amoureuse de lui. Puis, un jour, j’ai senti que ça ne servait à rien de faire semblant. J’ai pris un jour de congé et je suis allée prendre l’air à la mer. Toute seule, juste pour réfléchir. Pendant toute la journée, j’ai cogité, pesant le pour et le contre de la situation. J’ai compris que je me fichais pas mal de ce que les gens pouvaient dire ou penser. J’étais prête. Ce soir-à, j’ai envoyé un message à Dan, disant que je devais lui parler. Le jour suivant, je suis allée chez lui… Je ne suis jamais repartie. Une fois ma décision prise, plus rien ne pouvait nous arrêter. Les choses se sont faites naturellement, y compris sur le plan sexuel.

Entre nous, c’était comme une évidence. Je ne sais pas vraiment d’où me vient cette attirance pour les hommes mûrs. Pour une raison ou une autre, je suis plus à l’aise avec eux qu’avec des hommes de ma génération.


Les hommes de mon âge, je les trouve souvent immatures. Mes parents savaient depuis longtemps que j’avais tendance à craquer pour les hommes plus âgés. La première fois que je suis rentrée à la maison avec un amoureux beaucoup plus vieux que moi, ils ont eu beaucoup de mal à l’accepter. Ma mère, surtout. Elle se faisait du souci pour mon avenir. Même s’ils se doutaient qu’ils n’auraient pas un jeune beau-fils, j’ai beaucoup stressé le jour où j’ai décidé de leur présenter Dan. J’avais très peur de la réaction de mon père. Dan a tout de même 5 ans de plus que lui. Heureusement, ils ont vite compris que c’était quelqu’un de très chouette. D’emblée, il s’est senti accepté par ma famille.

 

S’aimer au grand jour


Au début, quand nous avons commencé à afficher notre amour au grand jour, je sentais que les gens nous dévisageaient. Mais j’arrivais à ne pas prêter attention aux jugements des autres. Et quand je surprenais des regards désobligeants, je faisais exprès d’embrasser Dan ostensiblement. Dans mon entourage proche autant que dans le sien, tout le monde a très bien accepté ma relation. Seuls les deux enfants nés de sa précédente relation n’ont pas compris que leur père puisse à nouveau envisager de faire un bébé. Ils ont coupé tout contact avec lui. Aujourd’hui encore, Dan a du mal à vivre cette séparation. Il en souffre beaucoup. Il savait que je tenais à me marier et que je ne pouvais pas envisager de vivre sans enfant. Pour lui, fonder à nouveau une famille n’a jamais été un problème.

 

Famille en lambeaux


Notre histoire dure maintenant depuis trois ans. Un an après notre premier baiser, nous avons officialisé notre relation. Notre fils est né dans la foulée. Il a 13 mois et nous envisageons de faire un deuxième bébé. Dès la naissance de Learco, nous avons compris qu’il souffrait du syndrome de Down. Pour nous, cet handicap a été une vraie gifle. Dan s’est tout de suite senti coupable. Les médecins nous ont toutefois certifié que son âge n’était pas en cause. Ces trois dernières années, nous avons vécu une foule de choses, certaines merveilleuses, d’autres plus douloureuses. Ce qui nous a aidés à tenir, c’est notre amour. Dan et moi formons un duo aussi solide qu’indestructible. Et notre différence d’âge ne change rien à l’intensité de notre amour.

 

Peur de le perdre


Quand je suis avec lui, je peux être moi-même à 100 %. Je trouve ça essentiel. Nous adorons être ensemble, mais nous nous accordons aussi du temps pour faire des choses chacun de notre côté. Nous ne pouvons évidemment pas nier la réalité.

Dan approche de la soixantaine. Learco n’aura pas la chance de grandir aux côtés de son papa comme les autres enfants. De mon côté, j’avoue que j’ai très peur de perdre mon mari.


J’essaye que cette peur ne me paralyse pas. Son âge a heureusement aussi des avantages. Comme il est prépensionné, il peut s’occuper de notre fils à plein temps. Le soir, quand je rentre du travail, je n’ai plus qu’à mettre les pieds sous la table. Le dîner est prêt. Dans 10 ans, lorsque j’aurais 40 ans et mon mari presque 70, on peut se demander si je serai encore attirée par lui. Franchement, je ne me fais pas de souci par rapport à ça. L’amour entre un homme et une femme dépasse l’attirance physique. Dan est l’homme de ma vie, le père de mon enfant, mon tout. Je pourrais le suivre jusqu’au bout du monde.”

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