Témoignage: Angélique, 24 ans est comtesse
Angélique de Limburg Stirum a 24 ans et est comtesse. Un titre de noblesse qui fait rêver, une enfance un peu différente… Elle lève le voile sur son univers pas tout à fait comme les autres.
Qui est Angélique?
- Comtesse Angélique de Limburg Stirum, 24 ans
- Elle a étudié l’Entrepreneuriat et l’Histoire de l’art. Elle vient d’entamer des études de Peinture à la Royal Academy of Fine Arts d’Anvers. On peut la suivre sur son compte Instagram : @angeliquedelimburg.
- La famille de Limburg Stirum a reçu son titre de noblesse au 11e siècle. Ils étaient l’une des familles de pouvoir de la ville de Cologne.
- La grand-mère de son père était une princesse de Croÿ, une lignée de nobles très fortunés. Sa mère, Katia della Faille de Leverghem, est la fille d’un baron.
- Sa famille vit dans le parc du château de Huldenberg.
“Comtesse est le titre que l’on peut lire sur mon passeport. Je suis née avec cette distinction qu’on a donnée à ma famille, mais je n’ai rien fait pour la mériter. Je ne suis pas fière de mon rang, mais je suis fière d’appartenir à une famille qui a accompli de grandes choses. Le chevalier Adorno a, par exemple, fait construire l’église de Jérusalem à Bruges.
Ma grand-mère, était liée aux rois de France, qui étaient férus d’art. L’histoire de mes ancêtres est très riche.
Willem Bernard de Limburg Stirum est l’un de mes ancêtres directs et, quand il était petit garçon, il a été ‘offert’ en cadeau à Napoléon. Il a été élevé au sein de la cour jusqu’à ses vingt ans. Pendant la bataille de Waterloo, Willem a demandé à Napoléon s’il pouvait combattre aux côtés des alliés, et donc, contre lui. C’est ce qu’il a fait. Quel courage, si jeune... Il s’est blessé au combat et est tombé amoureux de l’infirmière qui lui prodiguait ses soins. Il l’a épousée et ils se sont installés en Belgique. C’est pourquoi elle porte le nom de Limburg Stirum.
Des femmes fortes
Toutes les femmes de ma famille étaient de grandes dames. Fortes, indépendantes et déterminées. Ma grand-mère, Hélène d’Orléans, n’a pas pu retourner en France avant ses 14 ans. Sa famille a été exilée après la défaite de Philippe, le dernier roi de France. Durant toute sa jeunesse, elle a voyagé. Elle a vécu dans plus de huit pays différents. Une citoyenne du monde ! Sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Durant la guerre, sa famille a dû s’installer au Maroc, où ils n’avaient quasiment plus à manger. Elle était très proche de ses onze frères et sœurs. Ce n’est qu’après son retour en France qu’elle a connu ‘la vie de princesse’. C’est une grande artiste et compositrice, elle a été ma première prof de musique. Elle fait preuve d’une grande ouverture d’esprit, elle est libre. Elle a été une grande source d’inspiration pour moi. Il y a d’ailleurs énormément d’artistes dans notre famille.
Attachée aux miens
Être noble aujourd’hui, c’est avant tout être capable d’apprécier à sa juste valeur l’histoire de sa famille. Je suis très attachée aux miens. Et, comme ma grand-mère avait onze frères et sœurs, j’ai des cousins et des cousines un peu partout en Europe. Tous les deux ans, on organise une grande réunion de famille. Ma vie est tout à fait normale. Enfant, on me taquinait souvent sur la longueur de mon nom de famille mais, ça n’a jamais posé problème par la suite.
On peut se marier avec qui l’on veut. Mes parents ne souhaitent qu’une seule chose : que ma sœur et moi soyons heureuses.
Ils nous ont élevé dans un environnement chaleureux. Nous habitons dans l’une des maisons du domaine du château familial. On y trouve aussi un B&B. Ma mère rêvait d’ouvrir une maison d’hôtes. Nous aimons recevoir, discuter pendant des heures dans la cuisine. C’était logique d’ouvrir un Bed&Breakfast. En 2017, j’ai eu la chance d’être invitée au Bal des Débutantes à Paris. Avant, cet événement était réservé uniquement aux nobles, mais heureusement, les temps ont changé. Je me suis retrouvée à côté de danseuses chinoises, d’un Instagrammeur suivi par 300.000 abonnés, de la fille de Forest Whitaker, d’une jeune femme qui avait gagné un Google Award, etc. Mon nom m’a aidée à accéder à ce genre d’événement, mais c’est surtout en tant qu’artiste qu’on m’a conviée à la fête. J’ai passé un week-end magnifique. J’ai pu porter une robe signée George Hobeika. J’ai rencontré des gens géniaux, et je me suis fait quelques copains.
La vie d’artiste
Lorsque je suis avec d’autres nobles, ce sont souvent des cousins et des cousines. On s’entend tous très bien. Mais la plupart de mes amis n’ont aucun titre de noblesse. Ils ne m’ont jamais considérée comme une noble. Heureusement d’ailleurs !
Je me suis longtemps sentie jugée à cause de mes origines. Au premier abord, j’évite de parler de mon nom. Je préfère que les gens apprennent à connaître Angélique, plutôt que la comtesse.
J’ai peur que, dans le milieu de l’art, on pense que j’ai été pistonnée. Ce qui n’est pas le cas. Je devrai travailler aussi dur que les autres pour y arriver. L’art est ancré en moi. Je peins par nécessité. Quand je ne peins pas, j’ai le sentiment que je vais exploser. J’ai envie que mes toiles procurent du bonheur, de la douceur, qu’elles plaisent. Je préfère exprimer mes émotions à travers le dessin plutôt qu’à travers des mots. Je suis dyslexique. Écrire et lire n’a jamais été ma tasse de thé. Heureusement, cela ne m’a jamais pénalisée durant mes études. Choisir de faire de la peinture mon métier n’a pas été une décision facile à prendre. Financièrement, c’est risqué. J’ai décidé de me lancer l’année dernière. Plus jeune, je ne savais pas si j’avais envie de cette vie-là. Cette incertitude permanente... J’ai envie d’être indépendante, de gagner ma vie toute seule. Ce n’est pas comme si j’avais hérité d’une fortune familiale (rires). Aujourd’hui, je suis prête à emprunter cette voie. Ce ne sera pas facile mais, je pense que c’est possible de réussir en tant qu’artiste.”
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