Témoignage: Hélène s’est mariée et a divorcé avant ses 30 ans
Elle a dit “oui ” pour le meilleur et pour le pire… mais pas pour toute la vie : avant même de passer le cap de la trentaine, Hélène, était divorcée. Parce qu’on n’est jamais trop jeune pour divorcer, ni trop vieille pour se reconstruire, elle brise le tabou qui persiste autour du divorce.
Silhouette élancée, port altier et allure soignée, Hélène est dotée d’un grand sens de l’autodérision et d’un rire communicatif. Et elle rit quand elle parle de son divorce et de sa séparation de celui avec lequel elle a passé de longues années. Parce que c’est mieux que de pleurer, et aussi parce que cette séparation, elle l’a vécue comme une véritable libération. D’ailleurs, aujourd’hui, entre son nouveau compagnon et les mille projets qui bouillonnent dans sa tête, elle revit. Même si, sur le coup, son divorce a été tout sauf aisé.
L’avant : entre rêve et stress
“J’avais 24 ans quand mon ex m’a demandée en mariage. On étaitensemble depuis trois ans, et pour être honnête, je ne m’y attendais pas du tout parce que je trouvais que j’étais très jeune. Lui avait quatre ans de plus et voulait des enfants, mais je lui avais dit qu’on en reparlerait quand on serait mariés. Résultat : quatre mois plus tard, il me demandait en mariage”. La demande ne s’est pas déroulée exactement comme elle l’aurait rêvé… “J’aurais aimé quelque chose de romantique, de réfléchi… Il a profité d’un voyage pour faire sa demande. Il avait insisté pour que je me fasse masser, et quand la masseuse est partie, il a débarqué, alors que j’étais toute nue sous un essuie, les cheveux en pétard”, confie-t-elle dans un éclat de rire.
Beaucoup de filles rêvent d’être surprises, mais moi je préférerais que ce soit une vraie discussion. Quand il a fait sa demande, je ne lui ai pas répondu tout de suite, j’essayais de comprendre ce qui m’arrivait, je n’avais pas envie de le perdre, mais je savais que si je répondais non, on se quitterait.
Je sentais bien que ce ne serait pas le dernier homme de ma vie, mais j’avais le sentiment de devoir encore vivre des choses avec lui, alors j’ai dit ‘oui’, et même si on s’est séparés, je ne le regrette pas.” Et ce, même si contrairement à leur cérémonie de rêve, leur mariage a plutôt tourné au cauchemar.
Pendant : la trahison
“Il y a une forte pression sociale autour du mariage : il faut une belle cérémonie, une belle robe, être superbe, le diffuser un max sur les réseaux… Pour échapper un peu à tout ça, j’ai voulu me marier à l’étranger et prendre mon temps pour le préparer : j’avais été surprise par la demande, je tenais à avoir des fiançailles plus longues. Elles ont duré deux ans.” Deux années marquées par la réjouissance des préparatifs du jour J, mais aussi par pas mal de remises en question. “Quand j’ai annoncé nos fiançailles à mes proches, la plupart des gens étaient très contents pour nous, mais ma mère était plus réservée. Sur le coup, j’avais pensé que c’était parce qu’elle ne s’était jamais mariée, mais elle m’a avoué après ma séparation que c’était parce qu’elle ne le sentait pas trop.”
Les premières fissures
Un sentiment partagé inconsciemment par Hélène : “un mois avant le mariage, j’ai eu une crise d’angoisse, je voulais tout annuler. J’en ai parlé à mes copines, qui m’ont dit que c’était normal, et à mon fiancé, qui a été très compréhensif, ce qui m’a rassurée.” Après une cérémonie idyllique, les doutes reviennent, et avec eux, les premières fissures dans le mariage tout neuf. “Nos rapports se sont inversés : quand on s’est rencontrés, j’étais étudiante, lui travaillait déjà, mais après le mariage, j’ai racheté la maison de ma grand-mère et entrepris de la rénover. De son côté, il a commencé à me prendre pour acquise et à se comporter de manière très machiste avec moi.” Jusqu’à la trahison : deux ans après avoir dit “oui”, Hélène apprend que son mari la trompe depuis huit mois.
J’aurais pu lui pardonner, mais quand j’ai vu lors de nos thérapies de couple qu’il ne regrettait rien et ne semblait pas disposé à ce qu’on travaille sur notre relation, j’ai compris que c’était fini.
L’après : libérée
“Quand mon père a su que j’avais été trompée, il était furieux, il a fallu le retenir. Ma séparation a rapproché mes parents, ils ont fait front pour prendre soin de moi. Nos amis communs étaient plus embêtés parce qu’ils ont dû ‘choisir un camp’... Une séparation, ça aide à voir qui sont ses vrais amis”, constate Hélène. Et à se découvrir soi-même aussi : trois mois après avoir quitté son mari, elle a retrouvé l’amour dans les bras d’un Allemand que le fait de sortir avec une “divorcée” fait beaucoup rire. Hélène, elle, ne ressent aucune honte face à son statut de divorcée, et trouve important de briser le tabou, même si, “il y a quand même une petite gêne à dire qu’on est divorcé, parce que c’est un constat d’échec. Heureusement, les gens s’en fichent pas mal quand ils l’apprennent.
Dire à nouveau “oui” un jour ? “Si je me remarie, ce ne sera pas une étape en début de relation, plutôt ‘mariage plus vieux, mariage heureux’.
Hélène savoure sa liberté, et incite celles qui n’osent pas divorcer à sauter le pas : “il faut avoir le courage de dire stop et de partir. Il n’y a pas d’autre moyen d’être heureux, certainement pas en passant 60 ans aux côtés de quelqu’un qui ne fait pas votre bonheur.”
“La séparation crée une nouvelle identité”
Caroline Tilkin et Géraldine Jacquemin sont psychologues et thérapeutes chez Psypluriel, à Liège. Elles constatent que “c’est autour de trois ans de mariage que les risques de séparation sont le plus grands. Intégrer l’autre dans ses projets d’études ou professionnels est loin d’être évident à un moment où on entreprend un parcours vers l’autonomie. On semble plus facilement prêt à se séparer qu’à vivre une expérience de couple médiocre.” L’âge auquel on se marie joue aussi : “Entre 20 et 30 ans on vit une période de profonde transformation identitaire en terme de modèle amoureux, d’orientation professionnelle. C’est le handicap des gens qui se marient jeunes. Le défi est de continuer à aimer l’autre en train de changer. Et ce qu’il va devenir est imprévisible.”
Pour faire face aux obstacles
“Favoriser une communication ouverte et rester à l’écoute de l’autre est primordial. Avoir une relation dans laquelle chacun peut exprimer ses besoins, mais qui laisse aussi la place au conflit et sa résolution. Entreprendre des activités en commun, développer des projets, l’attachement commun, tout en laissant à l’autre une part de liberté font partie des pistes qui peuvent être évoquées en couple, tout comme une prise en charge psychothérapeutique individuelle ou de couple.” Et si cela venait à échouer et que la séparation était inévitable: “la séparation va participer à la création d’une nouvelle identité. Il faut considérer les ruptures et les échecs comme une source d’apprentissage et de construction. Cette expérience peut être aussi l’occasion de mieux cerner et comprendre qui on est.”
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