Témoignage: ““J’ai choisi d’être maman à 18 ans””
Une fois le secondaire fini, on veut profiter de la vie, faire la fête, sortir beaucoup et étudier peu. Ce n’était pas le cas de Kate, 18 ans, étudiante en psychologie et maman de jumeaux, Sophia et Mathéo, 3 mois. Elle est en couple depuis cinq ans avec Nicolas, 21 ans et avait toujours souhaité être une jeune maman… Rêve exaucé.
“J’avais 14 ans quand j’ai commencé à penser aux enfants que j’aimerais avoir. Je savais déjà que je voulais être maman, avant même d’avoir un petit copain… Je suis la dernière d’une famille de six enfants, j’ai été tante pour la première fois à 8 ou 9 ans. J’ai toujours vécu entourée d’enfants et pour moi, c’était fantastique. En secondaire, après l’école, j’allais chez mon ancienne gardienne pour l’aider avec les enfants dont elle s’occupait. Je ne demandais pas d’argent pour ça, je voulais juste passer du temps avec les petits.
Une vie stable
Quand j’ai rencontré Nicolas, j’ai vite compris que c’était la même chose pour lui. À un moment, je devais faire remplacer mon stérilet et on s’est décidés en très peu de temps: nous étions prêts, nous allions avoir des enfants! Après tout, nous vivions ensemble depuis un an, Nicolas étudiait depuis deux ans, j’avais presque fini mes secondaires, notre vie était stable et calme, alors pourquoi pas? L’argent non plus ne serait pas un problème: nous habitions gratuitement dans un appartement au-dessus de la boutique de mon père, comme l’avaient fait mes frères et sœurs avant moi, et nous avions tous les deux de belles économies grâce à nos jobs de vacances ou de week-end. On pouvait passer une année entière sans revenus, après quoi Nicolas serait diplômé et pourrait travailler, pendant que j’entamerais mes études de psychologie.
Si les circonstances n’avaient pas été aussi bonnes, nous ne nous serions pas lancés: même si l’envie d’avoir un bébé est grande, il faut que ce soit réaliste. Pour Nicolas et moi, il allait de soi que nous voulions nous débrouiller seuls, sans l’aide de nos parents. Ça devait vraiment être notre famille.
Prêts à sauter le pas
Nous avons pris le temps, petit à petit, d’en parler à nos parents, de les rassurer et de les convaincre que tout se passerait bien. Dès que j’ai arrêté ma contraception, nous le leur avons dit immédiatement. Nous étions tellement euphoriques que nous voulions partager notre émotion avec eux, même si je n’étais pas encore enceinte! Personne n’a essayé de nous dissuader: mes proches savaient tous que c’était mûrement réfléchi. Finalement, personne non plus n’a été surpris quand j’ai annoncé ma grossesse, même pas mes copines…Si vous annoncez à tout le monde que vous voulez des enfants, les gens finissent par se dire que ça arrivera assez vite. Et après , nous avons dû recommencer, pour leur dire que j’attendais des jumeaux! Ça a été un énorme choc, surtout pour nous, mais assez rapidement, nous avons été incroyablement heureux. Finalement, nous n’avons reçu que des réactions positives, tant au moment de l’annonce de la grossesse qu’au moment de la naissance.
J’imagine qu’on a aussi pas mal parlé dans notre dos, mais ça ne me dérange pas plus que ça. Certains restent persuadés que ma grossesse était un accident… En ce qui me concerne, ça ne me touche plus, mais je trouve ça dur pour mes enfants. Les gens trouvent étrange qu’on veuille tomber enceinte à 18 ans, pourtant c’était mon cas pour moi: j’étais prête à sauter le pas.
Des plans bousculés
Maintenant, les jumeaux ont 3 mois et tout se passe bien. Évidemment, nous avions un peu sous-estimé certaines choses. Financièrement, ça n’est pas toujours facile. Sophia et Mathéo sont nés prématurément, ce qui a pas mal gonflé la facture de l’hôpital. C’est un peu serré, mais on ne s’inquiète pas, ça ira. Dans le même temps, ce que j’avais prévu pour mes études a aussi été modifié. Je suis tombée enceinte pendant ma première année de psychologie et au départ, c’était un timing parfait: je devais passer mes examens en juin, puis avoir mes bébés, et je pourrais tranquillement reprendre l’année suivante en octobre. La naissance prématurée de mes enfants a compliqué les choses. Honnêtement, ça ne me dérange pas: je peux profiter de mes enfants un peu plus longtemps que prévu et je n’aurai qu’à passer mes examens du second trimestre, puisque j’avais déjà validé ceux du premier. Mon premier objectif aujourd’hui, c’est d’obtenir mon diplôme. Ce n’est qu’une fois que je l’aurai que nous pourrons envisager un autre bébé. Mais bon, on a le temps…
Heureux chez nous
Je suis très heureuse d’être une jeune maman, mais je comprends que ce n’est pas fait pour tout le monde… Je pense qu’en tant que femme, c’est à nous de décider quand nous sommes prêtes, que ce soit avant 20 ans ou après 30 – et pas quand la société nous dit qu’il est temps.
Je sais que beaucoup de gens ont leur opinion sur notre situation, mais je peux les rassurer: nos enfants ne manquent de rien, ni de confort matériel, ni d’amour. Pour nous, c’était le meilleur moment pour en avoir: je peux rester toute cette année auprès d’eux et mon copain pourra être avec nous pendant trois mois entre la fin de son année d’études et le début de son boulot. Combien de pères ont cette possibilité? Nous apprécions le temps que nous pouvons passer tous ensemble. Les gens disent qu’on passe à côté de notre jeunesse, mais ils se trompent: nous ne sommes jamais aussi heureux que chez nous, avec nos jumeaux.”
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