Témoignage: ““J’ai mal en faisant l’amour””
Martina, 33 ans, a souffert de vaginisme, une contracture involontaire des muscles du plancher pelvien. Causé par un blocage psychologique, ce trouble – qui se soigne, heureusement – l’empêchait de prendre du plaisir lorsqu’elle faisait l’amour.
“Le sexe, ça fait mal et c’est normal.” Pendant des années, jusqu’à l’année dernière pour être précise, j’ai été convaincue de cela.
C’est une visite de routine chez ma gynéco qui a tout débloqué. En m’examinant, elle a remarqué que j’étais incapable de détendre les muscles de mon vagin. Elle m’a conseillé de prendre rendez-vous chez une kiné et c’est là que le verdict est tombé. Selon elle, j’étais atteinte d’une forme légère de vaginisme. Ne me demandez pas depuis combien de temps, ni les raisons de ce problème, je n’en ai aucune idée. D’autant que je n’ai jamais connu de traumatisme d’ordre sexuel. Mon amoureux m’avait toutefois subtilement fait remarquer que le sexe avec moi lui semblait beaucoup moins simple qu’avec ses ex-copines.
Kiné intime
Depuis que je sais que je souffre de vaginisme, je suis en traitement chez une kiné. Elle m’apprend à détendre mon vagin sur commande. Ces derniers mois, j’ai d’ailleurs découvert des muscles dont j’ignorais complètement l’existence (rires). Un tel traitement revêt un caractère extrêmement intime. La kiné doit me toucher pour comprendre quand je contracte mon vagin et quand je le laisse se détendre. Dire que c’est agréable serait mentir, mais les effets du traitement sont bénéfiques. Avant, de peur de souffrir, je trouvais souvent des prétextes pour ne pas faire l’amour. J’avais envie d’une relation intime, mais je savais que la pénétration allait me faire mal.
Du lubrifiant à la rescousse
Depuis que je vois cette kiné, ma vie sexuelle s’est considérablement améliorée. Mon chéri et moi ne nous séparons plus de nos lubrifiants. On peut dire que ces produits sont devenus nos meilleurs amis. Lorsqu’on a envie de s’offrir un moment intime, je commence par me concentrer sur ma respiration. Lorsqu’elle est régulière, mes muscles sont plus détendus.
Pas question pour moi de faire l’amour en vitesse. Le sexe express, je ne connais pas. Lorsque nous voulons faire l’amour, nous sommes obligés de prendre notre temps.
Côté spontanéité, c’est un peu raté, mais je n’ai pas le choix. Quand je sais que les minutes sont comptées, je suis incapable de me détendre. J’ai la chance d’avoir un amoureux très compréhensif. Il m’a d’ailleurs accompagnée à l’un de mes rendez-vous chez la kiné pour comprendre en quoi mon traitement consistait et pouvoir lui poser des questions. Avant que mon vaginisme soit clairement diagnostiqué, il pensait que le problème venait de lui. Il faut dire que je ne comprenais pas moi-même ce qui m’arrivait. Aucun de mes ex n’avaient jamais prêté attention au fait que je n’avais pas l’air à l’aise quand on faisait l’amour.
Plus jamais coupable
Le sexe n’est pas l’élément central d’une relation, mais c’est essentiel si on veut que ça dure. Ma kiné m’a raconté des histoires horribles à propos d’hommes qui disaient clairement à leur compagne que si elle ne réglait pas le problème illico, ils la quitteraient sans hésiter. Je trouve ça terrible. D’autant que les femmes qui souffrent de vaginisme ont déjà tendance à culpabiliser. Elles ont honte alors qu’au fond, elles n’y sont pour rien du tout. Dans mon cas, ce problème a eu un impact positif sur ma relation. Cette expérience de vie a renforcé le lien très fort qui nous unissait. Avant, je n’osais pas évoquer ma vie sexuelle. Désormais, j’en parle très librement. Quand j’ai mal, j’ose dire stop. Mon amoureux est à l’écoute de mes besoins et les respecte. J’ai beaucoup de chance.
Souffrance inutile
Je suis convaincue qu’il y a encore trop de femmes qui souffrent en silence de ce problème. Elles pensent que le sexe fait forcément mal et croient que leur douleur est inévitable.
Selon certaines études, il semblerait qu’une femme sur 10 souffre de vaginisme. Cela prouve bien que beaucoup – parce qu’elles ignorent que ce trouble existe – ont mal à chaque rapport sans même penser à consulter.
Les femmes ont tendance à vouloir se montrer fortes en toutes circonstances. Après plusieurs années de souffrance, elles finissent par considérer que la douleur fait partie de leur vie. Et plus le temps passe, plus elles hésitent à prendre rendez-vous chez un kiné. Je me considère donc comme extrêmement chanceuse que mon médecin m’ait offert la solution à mon problème sur un plateau d’argent. Si ça n’avait pas été le cas, j’aurais peut-être encore souffert pendant de longues années sans oser réagir. Aujourd’hui, j’ai donc envie de tirer la sonnette d’alarme: si vous avez mal quand vous faites l’amour, consultez un expert sans tarder. Les relations intimes ne sont pas synonymes de souffrance. La solution existe. Ne passez pas à côté!”
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