Témoignage: ““Je suis surdouée””
Hélène, 33 ans, est surdouée. Elle est mariée et a un fils de 8 mois. Alors que nous, on est déjà super fières d’arriver à résoudre un simple sudoku. Mais comment vit-elle cette différence qu’elle n’a pas choisie?
“Oui, cela m’a étonnée lorsque j’ai appris que j’étais surdouée. Jusqu’à quelques mois plus tôt encore, je n’avais pas la moindre idée d’être ‘plus intelligente’ que la plupart des gens. Je ne me sentais pas hyper futée et je n’avais pas non plus l’impression que je comprenais plus facilement que mes condisciples. En première année à l’univ’, j’obtenais même des points plutôt médiocres: des 10, des 11, ou des 12. Je n’étais clairement pas une championne.
Ecrit noir sur blanc
Je pense que je devais avoir 20 ans lorsque mon co-koteur, qui étudiait la Psychologie, m’a demandé de jouer les cobayes pour un test de QI. C’était un exercice, mais le résultat montrait que mon score dépassait nettement la moyenne. Cela a éveillé ma curiosité et j’ai cherché sur le Net un vrai test de Q.I. C’est ainsi que j’ai atterri sur Mensa, une association pour personnes à haut potentiel. Je pouvais remplir un pré-test en ligne sur leur site Internet et, s’il était bon, j’avais alors la possibilité de passer un test officiel de Q.I. J’ai obtenu 30 sur 33. Je m’étais jurée de faire le mieux possible pour le test qui allait suivre, je suis donc allée dormir tôt et j’ai essayé de garder mon sang froid. Il fallait par exemple résoudre des puzzles et compléter des séries de chiffres. Le test a duré une heure ou deux. Les résultats sont arrivés quelques semaines plus tard dans ma boîte aux lettres. Tout excitée, j’ai ouvert l’enveloppe.
Le résultat mentionnait un Q.I. de 134, ce qui signifie que je suis surdouée. Apparemment, avec ce score, je fais partie des 1,17 % de la population considérée comme ‘la plus intelligente au monde’. Je ne savais plus où j’étais. Moi, surdouée? Si je m’attendais à ça!
Aucune spécialité, mais 1001 centres d’intérêt
Cela peut paraître bizarre, ce simple chiffre a boosté ma confiance en moi. Tout à coup, je ne comprenais pas pourquoi j’avais tant douté de mes capacités. Pourquoi j’avais été tellement anxieuse à l’univ’, ou pourquoi je m’étais sentie si intimidée par les étudiants brillants. Avec le recul, je pense même que j’aurais choisi d’autres études si j’avais su plus tôt que j’avais ce potentiel. Peut-être aurais-je étudié les Sciences au lieu de la Communication? Même si je me rends compte qu’à l’époque, j’ai choisi cette branche car elle me permettait de toucher à plein de sujets différents. J’ai étudié des matières comme la Politique, la Sociologie ou l’Histoire, entre autres. C’est précisément ce qui m’avait attirée dans ces études.
Mes centres d’intérêts sont si vastes que j’ai envie d’apprendre 1001 choses, je veux tout savoir sur tout. Dans mon job actuel, c’est exactement ce qui se passe: je ne suis pas seulement responsable des articles de notre revue, je travaille aussi sur la mise en page et le site Internet. C’est ce qui rend mon job si passionnant et varié, et me permet de dépanner facilement mes collègues.
Différente des autres
Lorsque j’étais enfant, il y a bien eu quelques signes qui indiquaient que j’étais HP. En maternelle, par exemple, nous étions allés avec la classe voir les animaux dans un parc. Après l’excursion, nous devions dessiner ce que nous avions vu. J’ai d’abord dessiné un cerf, ensuite la clôture et, derrière cette clôture, une petite fille qui regardait le cerf. Rien d’exceptionnel là-dedans, mais apparemment plutôt inhabituel comme point de vue pour une enfant de cet âge. Autre exemple: j’avais une imagination débordante et je raisonnais parfois différemment de mes autres camarades de classe, de sorte que je me suis souvent sentie ‘à part’. Mais à cette époque, on ne se préoccupait pas de ce genre de chose. Je réussissais facilement à l’école, j’avais de beaux points, donc on ne s’en faisait pas. Ce n’est peut-être pas plus mal comme ça. Les attentes auraient sans doute été bien plus élevées si j’avais su à l’époque que j’étais surdouée, ou peut-être me serais-je alors sentie bien plus différente, ou isolée.
Un humour à part
Après la rupture avec mon ex, je suis devenue membre de Mensa. J’avais entendu dire que se faire de nouveaux amis était une bonne manière de guérir d’une rupture, ça m’a donc paru une bonne idée de rejoindre une association. Et j’ai bien fait: j’y ai rencontré certains de mes meilleurs amis. Nous organisons régulièrement des rencontres, nous allons boire un verre, allons à des concerts ou passons des soirées jeux de société. J’y ai aussi appris beaucoup sur moi-même: que j’étais hypersensible, par exemple, ce qui est souvent le cas chez les surdoués. Et que mon sens de l’humour n’est pas si bizarre que je l’avais toujours pensé, vu le nombre de fois où mes amis ont froncé les sourcils à mes blagues.
J’ai découvert que tous les surdoués ne sont pas des nerds avec un Master en Sciences. Dans l’association, il y a des médecins, des enseignants, des employés… On ne devient pas surdoué, on naît comme ça, ça ne vous donne aucun mérite.
Êtes-vous surdouée?
Vous pensez vous aussi être une personne à haut potentiel ? Voici quelques associations qui pourront vous aider. Avant de pousser leur porte, sachez qu’il vous en coûtera parfois quelques euros pour passer les tests, mais les infos (gratuites) présentes sur leurs sites pourront déjà vous rassurer et vous mettre sur la bonne voie.
- www.ehpbelgique.org, asbl qui s’adresse aux personnes surdouées et leur entourage. EHP Belgique organise des rencontres et activités pour développer un réseau d’entraide et de partage.
- www.mensa.be Après un pré-test (disponible gratuitement sur le site), vous pourrez également passer un test officiel de Q.I., mais payant celui-ci.
- www.douance.be info, orientation et soutien pour les personnes concernées et leurs proches; relais avec les professionnels de la santé et de l’éducation.
- www.cvim.be est aussi une asbl réunissant des équipes de professionnels proposant un accompagnement personnalisé dans de nombreux domaines (créatif, scientifique, artistique, cognitif…).
Interview: Lies Van Kelst et Stéphanie Ciardiello. Photo: Karel Daems.
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