Témoignage: ““Je suis végétalienne depuis des années””
Alors que le végétalisme avait encore il y peu la réputation de provoquer des carences, ce régime alimentaire semble avoir le vent en poupe. Elisabeth, 29 ans, a elle adopté cette tendance avant même qu’elle ne devienne à la mode. Elle est végétalienne depuis de nombreuses années et nourrit sa fille Nala de 1,5 ans également avec des végétaux.
“À l’âge de 15 ans je suis devenue végétarienne, alors qu’auparavant j’adorais manger de la viande. Ma sœur et moi nous battions même pour ronger l’os d’une côte d’agneau. C’est drôle de dire ça en tant que végétalienne, non?
Enfants, nous tuions même régulièrement les poules, et nous achetions une demie vache à notre voisin, que je coupais en morceaux avec ma maman sur la table de la cuisine.
Grâce à cela, j’étais consciente des différentes étapes nécessaires avant qu’un filet de poulet ne finisse dans le frigo d’un supermarché. Je comprenais qu’un morceau de viande avait un jour été un animal. Je sentais que quelque chose clochait dans la manière dont la viande était transformée en Belgique. Quand je suis tombée amoureuse d’un végétarien qui refusait de m’embrasser quand j’avais mangé un hamburger, ma décision fut vite prise (rires).“
Adieu les œufs
“Plus je me renseignais sur les conditions proposées par l’industrie de la viande, plus je me confortais dans ma décision. De façon assez radicale, j’ai aussi arrêté de manger les œufs. Quand je voulais faire des crêpes, j’allais chercher mes œufs dans le poulailler de mon père. Je les préférais à ceux vendus dans les supermarchés, souvent issus de l’élevage en batterie. Un jour, j’ai cassé un œuf et j’ai eu un choc: Il y avait les traces de ce qui semblait être un petit poussin. Dans le deuxième œuf, j’ai à nouveau découvert un poussin. Je n’ai pas osé en casser un troisième. J’ai alors cherché la manière de faire des crêpes et des cakes sans œuf… et ce fut assez simple à trouver!
Produits de substitution
Je me suis dit que si c’était si facile, je me devais d’abandonner les œufs. Depuis lors, je n’en n’ai plus jamais mangé. J’ai ensuite supprimé le lait, le fromage, le yaourt… Car quand on s’informe, on apprend très vite que les abus ne se font pas uniquement dans l’industrie de la viande, mais dans toute la production de l’alimentation animale. J’ai commencé à tester des recettes avec des produits de substitution et je me suis dit: c’est si simple de cuisiner des alternatives, pourquoi je continuerais à utiliser une version animale?“
Pas de frustrations
“La conversion a été facile, même si j’aimais la viande. Les gens parlent souvent de tout ce qu’on ne peut pas manger en tant que végétalien. Pourtant il y a beaucoup plus d’aliments qu’on peut continuer à manger qu’à supprimer. Et puis j’aime beaucoup de choses!
J’aime les légumes, le chocolat, les fruits… Je ne souffre jamais de la faim et c’est à chaque repas un vrai festin.
Bien sûr, si on mange du tofu non travaillé ce n’est pas très bon. Mais si on apprend à le cuisiner et qu’on met les légumes et les fruits en valeur, c’est absolument délicieux, et la viande et les produits animaliers ne manquent pas du tout. L’environnement a toujours été important pour moi. J’ai une fille de 1,5 ans et je veux qu’elle puisse encore respirer de l’air pur une fois adulte.
Végétalienne en SUV
On dit qu’un végétalien qui roule en SUV a une plus petite empreinte écologique qu’un mangeur de viande à vélo (rires). C’est peut-être une blague, mais manger de la viande a un impact énorme sur l’environnement. Quand on me voit, on ne peut pas deviner que je suis écolo. Depuis quelques années, j’ai décidé d’acheter uniquement ce dont j’ai besoin, et seulement des vêtements en seconde main. Je partage mon mode de vie en postant régulièrement des photos sur Instagram. Je veux inspirer les gens et montrer que c’est facile d’être végétalien. Je pense réussir à convaincre les gens de cette façon, plutôt qu’en les pointant du doigt. Vous m’entendrez rarement parler de ce qui se passe dans les abattoirs. Je préfère montrer que manger des végétaux est bien plus facile et meilleur que ce que les gens pensent.“
Un rayon plein
“De nos jours, c’est beaucoup plus simple de manger des végétaux. Quand j’avais 15 ans, je devais me satisfaire de tofu et de seitan alors que personne ne savait vraiment quoi en faire ou comment les préparer pour que ce soit bon. Les supermarchés d’aujourd’hui proposent des rayons entiers remplis de produits végétariens et végétaliens. Il existe différentes sortes de lait pour ceux qui décident de supprimer le lait animal. Il y a des tas d’alternatives végétales aux yaourts, puddings, fromages, beurre… Les grandes marques comme Becel sortent des produits végétaliens, même Ellis Gourmet Burger propose trois burgers végétariens et végétaliens à sa carte.
On ne me regarde plus bizarrement quand je demande un plat végétalien dans un restaurant et tous les bars à café proposent du lait végétal.
Le changement se fait petit à petit, car la demande de produits végétaux est grandissante. Je trouve ça génial. Être végétalien est tendance, mais j’espère que ce n’est pas juste un effet de mode. Les gens prennent conscience de leur impact écologique, ce n’est pas juste une passade. C’est une évolution positive.“
Une histoire de famille
“Quand j’ai rencontré mon mari, il était déjà convaincu de ses choix et mangeait parfois végétalien. Depuis que nous sommes ensemble, son menu a évolué et est devenu uniquement végétalien, même s’il est moins strict que moi. Quand il fait beau et qu’il a envie d’un Magnum, il le mange. Nous ne nous disputons jamais à ce sujet. Je pense qu’il est important d’être sur la même longueur d’onde, surtout que nous élevons ensemble notre fille. Réduire mon empreinte écologique est très important pour moi, ça ne fonctionnerait pas avec quelqu’un qui s’en fout. Notre fille est aussi végétalienne. Dernièrement, j’ai vu dans le journal qu’un enfant était décédé des suites de malnutrition, car ses parents le nourrissaient uniquement avec des végétaux. Mais il s’est avéré que végétalisme n’était pas en cause, que l’enfant avait été victime de négligence.
Nous sommes entourés par un médecin et un pédiatre. Si on s’y prend bien, le végétalisme est souvent plus sain qu’une alimentation ‘normale’. Et puis, ce n’est pas comme si je retirais simplement la viande d’un repas et que je lui donnais uniquement des légumes.
Je m’investis beaucoup: je cuisine chaque jour avec des produits de substitution et je veille à ce qu’elle consomme toutes les vitamines dont elle a besoin. Elle est saine et grandit bien. Je pense honnêtement qu’il y a plus d’enfants ‘carnivores’ qui souffrent de malnutrition à cause de leurs parents qui les nourrissent uniquement de frites et de pizzas.
Végétalien rock-‘n-roll
Vous savez, le cliché du végétalien sous-alimenté et malsain est tellement infondé. Je dis toujours ‘Regardez un peu mon mari. Il est musicien professionnel et est super musclé. Il ne pourrait jamais mener la vie rock-‘n-roll qu’il a si manger des végétaux était mauvais pour la santé.’ Les gens qui doutent peuvent toujours venir manger chez moi. On me dit souvent à la fin du repas ‘Ah oui, vous manger des végétaux! Cette tarte était végétalienne alors?’ Et ils tombent des nues quand ils réalisent qu’on peut cuisiner de si bons plats avec des végétaux.”
Texte: Annelies Waegemans et Emilie Van de Poel. Photo: Thomas Vanhaute.
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