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Témoignage: ““Mon homme est bisexuel””

Barbara Wesoly

Que feriez-vous si vous appreniez que l’homme de votre vie est également attiré par les hommes? Malgré ses craintes, Céline, 30 ans, a fait le choix de ne pas sacrifier son couple et de rester avec son compagnon bisexuel.


“Tom et moi sommes en couple depuis 5 ans et sommes parents de deux petits garçons adorables. Si notre relation s’est construite très rapidement, notre rencontre date d’il y a 10 ans. Tom avait organisé une fête pour son anniversaire. Mon copain de l’époque était invité et m’avait proposé de l’accompagner. A la seconde où nous avons été présentés, j’ai senti que le courant passait parfaitement entre nous. Nous avons juste discuté. Je n’avais d’yeux que pour mon homme.

Retrouvailles


Quelque temps après cette fête, j’ai rompu. Et puis, lors d’une soirée Halloween, j’ai recroisé Tom. Ce soir-là, mon ex et moi nous disputions par SMS. Tom a su trouver les mots pour me changer les idées. Il m’a entraînée sur la piste de danse et m’a proposé un verre. D’emblée, j’ai compris qu’il était quelqu’un de bien. Comme j’avais déjà senti qu’il était attiré par les garçons, je n’ai pas spécialement cherché à le séduire. Je me suis contentée d’être moi-même. Ce qui, dans un premier temps, ressemblait à une discussion amicale et animée s’est très vite transformée en un début de flirt. Lorsque, d’un coup, Tom m’a embrassée, j’ai été la première étonnée. Mais plutôt que de me prendre la tête en me posant mille questions, j’ai préféré profiter du moment.

En toute sincérité


Tom m’avait fait forte impression. Mais à ce stade, je ne le considérais pas encore comme mon amoureux. S’il disait en avoir envie, je ne me sentais pas encore prête à faire une croix sur mon ex. D’ailleurs, lorsqu’il est revenu vers moi, j’ai décidé de lui donner une nouvelle chance. C’était une erreur. Un an plus tard, j’ai dû me rendre à l’évidence: ce garçon n’était pas fait pour moi. Nous avons à nouveau rompu. Six mois après, Tom et moi nous sommes retrouvés à un barbecue organisé par une copine commune. Comme la première fois, nous nous sommes mis à discuter et à flirter. Cette fois, nous avons décidé d’officialiser notre relation. Au début, nous avons fait preuve de beaucoup de retenue. Et j’avais peur, compte tenu de la bisexualité de Tom, qu’il me quitte pour un garçon. Tom ne m’a jamais rien caché de cette double orientation sexuelle. J’avoue que cette franchise m’a fait du bien. Mon ex m’avait tellement menti. Avec Tom, j’ai su à quoi m’attendre. Et ce, depuis le tout début de notre histoire.

Avant que j’entre dans sa vie, Tom avait déjà eu pas mal d’histoires avec des garçons. Son coming out, il l’avait d’ailleurs fait alors qu’il était encore un ado. Et c’est au terme d’un long cheminement personnel qu’il était finalement arrivé à la conclusion qu’il était bisexuel.

Le top sous les draps


Pour Tom, ce qui importe, ce n’est pas le sexe de son ou de sa partenaire, mais bien sa personnalité. Il y a 5 ans, il n’aurait jamais pu dire s’il allait faire sa vie avec un homme ou une femme. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’il a toujours voulu avoir des enfants. De mon côté, j’ai toujours apprécié l’honnêteté de Tom. Cette stabilité qu’il m’offre est ce que j’attends d’un homme et d’une relation. C’est aussi ce qui explique que je n’ai pas tardé à voir en lui le futur père de mes enfants. Moins de deux ans après le début de notre histoire, notre fils Flynn est né. Aujourd’hui, nous sommes les heureux parents de deux garçons. Mais je dois avouer que ce bonheur ne m’empêche pas de vivre dans une certaine angoisse.

Que se passera-t-il si, demain, Tom rencontre un type super chouette qui lui fait tourner la tête au point de le décider à me quitter? D’autant qu’à certaines périodes, Tom a plus envie de faire l’amour avec des hommes qu’avec moi. Il continue à m’accorder beaucoup d’attention, mais je sens que son désir n’est plus au beau fixe.


De manière générale, je ne peux pas du tout me plaindre de notre vie sexuelle. Bien au contraire! Si je la compare à ce que j’ai vécu auparavant, je dois me rendre à l’évidence que Tom est beaucoup plus attentionné que mes précédents partenaires. Chaque fois que nous faisons l’amour, je sens qu’il tient vraiment compte de mes désirs. Bien plus que la majorité des hétéros que j’ai connus avant lui. Tom et moi parlons d’ailleurs beaucoup de nos envies, de nos fantasmes. Nous n’hésitons jamais à expérimenter de nouvelles pratiques.

Clause de non-concurrence


D’emblée, nous avons établi une sorte de charte pour nous assurer que tout était bien clair entre nous. Lorsque Tom ressent le besoin de coucher avec un homme, je lui permets de le faire si l’occasion se présente. Mais qu’il ne s’avise pas de me tromper avec une fille! Je ne considère pas les hommes comme des concurrents. Parce que sur le plan sexuel, je ne suis pas en mesure d’offrir à Tom ce qu’un partenaire peut lui offrir. L’inverse est évidemment vrai aussi. Dans tous les cas, il faut évidemment que ces rapports soient protégés. Tom a toujours été clair sur le fait qu’il ne peut pas se passer de contact physique avec les hommes. Lorsque j’ai choisi de faire ma vie avec lui, j’en étais consciente. Je considère donc que je n’ai pas le droit de tenter de le faire changer d’avis à ce sujet. Pour ma part, je ne suis pas bisexuelle. Je n’ai jamais couché avec une femme. J’avoue qu’il m’est arrivé d’y penser.

Ces 5 dernières années, Tom a connu quelques aventures avec des hommes. Chaque fois, il m’en a tenue informée et je suis arrivée à gérer cette situation. Enfin, plus ou moins. Si je disais que ça ne me touche pas, je mentirais. À chaque nouvelle rencontre, je ressens une pointe de jalousie et forcément, je doute de moi.

Un plan à trois?


Dans notre société, la bisexualité est encore taboue. Les gens l’associent au fait de ne pas vouloir trancher et de se la jouer cool, comme si tout était permis. La réalité est plus complexe. Ce n’est pas parce que vous décidez de vous investir dans une relation que votre attirance pour l’autre sexe disparaît. Ça rend les choses d’autant plus difficiles à gérer. La famille de Tom a eu beaucoup de difficultés à admettre qu’il était bisexuel. Entre nous, ça n’a jamais été la source de conflits. Nous voulons offrir à nos fils une éducation la plus ouverte possible. L’ouverture et la tolérance sont des valeurs auxquelles nous tenons beaucoup. Pour nous, une personne peut être hétéro, homo, bisexuelle ou transsexuelle. Ça ne fait aucune différence. Nous gérons d’ailleurs notre situation personnelle avec beaucoup de naturel.

Tom et moi sommes attirés par le même type d’homme. Nous avons d’ailleurs déjà songé à faire un plan à trois. Pour l’instant, nous ne nous sentons pas prêts à franchir le pas, mais je ne l’exclus pas.


Quant à savoir si je n’aurais pas préféré que Tom soit exclusivement attiré par les femmes, je vous répondrais que non. Sa bisexualité l’a doté d’un caractère très doux, une qualité rare chez un homme. Chez ceux que j’avais connus avant lui, en tout cas! Je suis consciente de mon bonheur. Notre équilibre est fantastique. Je ne voudrais aucun autre homme que lui!”

Article de Jill De Bont et Marie Honnay


 

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